Notre Parler Poilu

As

Chronique de Jean Bourgeon sur

« Nos Années Cruelles » relative au 4 octobre 1916

 

Les As

La guerre bouleverse les paysages, les hommes, les consciences, le vocabulaire. De nouveaux mots apparaissent et d’autres s’enrichissent.

Aujourd’hui Le Phare se penche sur le mot « as ».

« Certains de nos aviateurs, ont inscrit à leur « tableau » cinq, dix, vingt « pièces », méritant ce nom d’ « as » qui constitue pour eux l’honneur suprême.

« As » ! nom singulier dont l’argot ne nous révèle pas la provenance. Quelle assimilation possible avec les cartes, si ce n’est que les as sont les plus enviés des joueurs comme ils sont les plus admirés des aviateurs. Etre un as ! Comprend-on l’admirable orgueil que contient ce désir ardent. Etre un as ! C’est-à-dire être un brave parmi les braves, un héros parmi les héros.

            Dans dix ans, dans vingt ans, lorsqu’il ne restera plus qu’un terrible souvenir de la guerre, lorsque l’aviateur parlera de ses combats à ses enfants, à ses amis, il ne dira pas : « J’étais lieutenant » ou «J’étais sergent », il ne dira même pas : «J’étais aviateur » ; il dira : « J’étais un as ! » et on le regardera avec admiration ».