vendredi, 25 août 1916

« Villégiatures »

Sous ce titre, un journaliste du Phare écrit :

 

« On m’assure que toutes les plages regorgent de monde, depuis La Rochelle jusqu’à Saint-Malo. Partout, les hôtels n’ont pas une chambre ; les chalets sont tous loués ; les pensions de famille font des affaires d’or.

Des esprits chagrins voient là une regrettable indifférence à l’égard des épreuves que travers notre pays. Ils on tort.

Il vaut mieux y reconnaître le signe certain de la confiance publique. Et puis, parce que les gens seraient restés chez eux dans les appartements sans air des villes ; par ce que les parents n’auraient pas pris leur repos annuel, et les enfants leurs vacances, quel profit en tirerait la guerre ?

Mais on assure aussi qu’il y a des quantités de touristes français en Suisse. Je comprends moins cet engouement, et même, je le réprouve absolument. La Suisse est un pays neutre, ami, ce n’est pas une raison pour lui donner notre argent dont nous avons tant besoin… Et je tiens les Français qui vont vider leur bourse en Suisse, pour des imprévoyants d’un patriotisme mal inspiré. Si la montagne est absolument utile à leur bonheur ou à leur santé, ils ont les Pyrénées, ils ont les Alpes, dont ils nient les splendeurs, qu’ils ignorent d’ailleurs, généralement. Le snobisme est malséant en ce moment ».

 

Les ouvriers, les classes populaires en général, qui ne bénéficient pas encore de congés payés, et les soldats du front échappent au snobisme et à la lancinante question : passer l’été à Deauville ou à Saint-Moritz ?