mardi, 17 avril 1917

Une offensive loupée

Au deuxième jour de l’offensive, alors que les journaux nantais crient victoire, Maurice Digo note dans ses Carnets :

 

« Nous n’avons plus rien à boire ni à manger. Les vivres de réserve sont épuisés. Il pleut… Le colonel donne l’ordre de progresser d’une cinquantaine de mètre pour empêcher les Allemands de réorganiser la tranchée de la Voile qu’ils occupent en partie. Le commandant Jacquemon a refusé. Il estime que son bataillon qui est à son 26e jour de tranchées et vient de vider ses dernières forces dans une offensive loupée, n’a plus qu’à maintenir es positions en attendant la relève.

Dubois, le cycliste, qui traverse deux fois par jour un bled dévasté pour se rendre au colonel nous signale que dans les P.C. de l’arrière on ne s’ennuie pas. A son premier voyage, tandis que nous faisions face aux mitrailleuses de Chivy, l’état-major B.10 cassait copieusement la croûte sans autrement s’inquiéter de nous.

De l’autre côté du ravin, un groupe du 4e chasseurs a découvert l’entrée d’une coopérative allemande… Depuis le petit jour, plusieurs centaines de bouteilles ont été sorties… Un officier ayant tenté d’arrêter le pillage vient d’être tué à coups de grenades… ».