mercredi, 6 octobre 1915

« Tue-moi si tu veux j’en ai assez »

Le 6 octobre les combats reprennent en Champagne, pour dix jours, afin de rectifier les « aspérités » du front.

 

Malgré des succès locaux, comme la prise de la butte de Tahure, la progression est arrêtée, les Allemands ayant installé leur ligne de défense sur des positions favorables. Après deux semaines de combat les hommes sont épuisés et parfois au bord de la mutinerie comme le note Maurice Digo :

 

« Alerte à 4 heures… Vers 7 heures, rassemblement et départ précipité à travers le C8, défoncé et comblé de cadavres. Après 2 heures de marche, pause dans le fortin de Beauséjour… mais, alertés deux fois à 20 minutes d’intervalle, nous avons abandonné l’espoir d’y passer la nuit. De la gauche à la droite, suit un mot d’ordre : « Si le Bataillon doit attaquer, ne pas sauter le parapet…»

« Après plus de 4 heures de sac à dos sans pause, arrêt… Firmin-Didot (lieutenant) m’envoie en compagnie d’Ambrois, en avant des lignes amorcer un petit poste où nous devons rester jusqu’au jour. A l’emplacement désigné, je commence aussitôt à piocher, mais Ambrois, qui est à bout de force, me dit : « Tue-moi si tu veux j’en ai assez » et s’allonge dans un trou d’obus. Je ne tarde pas à en faire autant.

« Quand Didot revient, il doit nous réveiller à coups de pied. A ses injures je réponds pour nous deux, au risque de me faire brûler : « Nous ne creuserons pas ». Il part sans insister. »