samedi, 16 juin 1917

Triste spectacle pour nos alliés

Dans son rapport journalier au préfet le commissaire de police de Nantes signale que : « A la gare de la Bourse, presque tous les militaires qui se trouvaient à l’intérieur des wagons ont poussé les cris de « A bas la guerre ! Vive la Révolution ! ». Au centre du train et dans deux wagons, les occupants ont chanté « L’Internationale » et la « Carmagnole ».

Les curieux assez nombreux aux abords des gares (400 à 500 à la Bourse) ne se sont livrés à aucune manifestation. On a toutefois signalé une femme comme s’étant montrée particulièrement violente… ».

 

 

s 16 juin

Paul Bellamy

 

Ce même jour, le maire de Nantes, ancien élève du lycée Clemenceau,  envoie au préfet une lettre de 5 pages où il s’inquiète de cet « état de choses qui peut devenir très dangereux en raison de ce que certaines idées ont de contagieux… » d’autant que : « Nous ne pouvons donner plus longtemps le triste spectacle aux Américains qui nous arrivent, à nos amis et alliés qui déjà en manifestent leur surprise ». Il y voit la main de l’ennemi : « Des meneurs suspects, des éléments perturbateurs… des étrangers qui peut-être auraient dû être expulsés, ou tout au moins maintenus dans les camps de concentration, ont entrepris une campagne pacifiste et antipatriotique… ».

Après avoir demandé au préfet une réorganisation de la police, il formule diverses propositions pour mettre fin aux incidents. Il lui conseille en particulier d’intervenir sur la presse dont « certains organes subissent eux aussi en ce moment quelques fléchissement » pour lui demander de présenter les dangers de tels incidents ainsi que les conséquences fâcheuses d’une paix sans victoire, cette « paix tout de suite » que demandent les pacifistes.

 

Sur ce point il sera entendu.