lundi, 19 août 1918

Très chers Sammies

Le soutien américain n’est pas sans poser quelques soucis à l’état-major français.

 

Le général Buat écrit dans son Journal :

« Les Américains qui ont d’autre part bien d’autres qualités poursuivent avec une remarquable ténacité l’exécution de leur plan. Ils veulent des armées américaines et ils les font, ou plutôt ils les font avec nos moyens, je veux dire qu’ils fournissent ce qu’ils ont et nous demandent de leur céder tout ce qu’ils n’ont pas, moyennant quoi les armées seront tout de même américaines et les succès remportés tout de même américains ».

Ensuite le général Buat énumère la longue liste des besoins de l’armée américaine : artillerie de campagne, artillerie lourde, chars Renault, avions… autant d’équipements prélevés sur les stocks déjà insuffisants de l’armée française.

 

 

L’agacement du général Buat tourne parfois à la condescendance. Evoquant, le 4 août, la préparation de l’offensive américaine sur le saillant de Saint-Mihiel, décidée par Clemenceau, Foch et Pershing, il écrit :

« Car au fond, l’armée américaine, en tant qu’armée, c’est-à-dire avec ses états-majors et ses services, le tout bien lié et bien coordonné, cela n’existe pas. On peut lui laisser faire la réduction du saillant de Saint-Mihiel parce qu’elle l’étudie depuis longtemps, parce qu’elle connaît bien le terrain et qu’au surplus, il est fort probable que le boche se laissera assez aisément pousser. Il a, en effet, une ligne en arrière dite « Michel » qui constitue la base du triangle et qu’il s’en ira occuper sans aucun doute. Ce n’est donc pas une bien grosse affaire ».