mardi, 17 juin 1919

Sur le boulevard de la Colinière

En juin 1919, la directrice de l’école de filles du boulevard de la Colinière demande à ses élèves, en cours de dessin, de représenter les « prisonniers allemands et autrichiens réparant ou lavant la route »  devant l’école.

Voici un dessin réalisée par une élève de la 1re classe intitulé: « Prisonniers boches et autrichiens montant dans l’auto-camion après le nettoyage du boulevard de la Colinière »

 

La maîtresse peint elle aussi une aquarelle intitulée : « Prisonniers boches et autrichiens en face l’école » et elle écrit en dessous : « Arrosage et réparation de la route par les prisonniers boches et autrichiens ; c’est une pensée pas très charitable qui m’a fait faire ce croquis ; mais ils ne l’ont pas compris et quelques uns prennent même un air avantageux ».

 

Ce dessin réalisé en juin 1919 est l’occasion d’un retour en arrière et la maîtresse rappelle que cette route a été dégradée depuis un an par les « arrivées continuelles de véhicules américains de toutes sortes, les uns pleins de matériel, d’autres de soldats, motocyclettes avec médecin, leur pharmacie ambulante etc… Lorsque passaient les autos camions chargées de munitions, le bruit était tel, la nuit, que l’on n’aurait pu entendre le tonnerre par un fort orage ; le sol tremblait et les maisons étaient ébranlées dans leurs fondations.

Puis ce furent des défilés de tanks, de tracteurs, de cuisines portatives, de matériel de toutes sortes tournant du boulevard Saint-Donatien à la route de Paris pendant des heures sans discontinuer, défilé interminable aussi d’autos noires au vitrage de mica en forme de fuseau, puis d’autos beige ; d’autos-camions camouflés passant jour et nuit. En même temps dans les deux sens, voitures et autos d’ambulance du Grand-Blottereau au boulevard Lelasseur, de la gare à l’hôpital Broussais, transports de blessés français ou américains. Puis les autos camions pleines de nègres se rendant aux travaux… de soldats américains se rendant à des fêtes sportives, la musique des nègres passant et défilant sur le boulevard ».