samedi, 2 octobre 1915

« Soyons patients »

Le 1er octobre, le général Pétain fait suspendre les combats sur le front de Champagne en raison des pertes trop importantes et d’une consommation de munitions insoutenable.

 

Gaston Veil, l’éditorialiste du Populaire, muet sur l’offensive depuis le 27 septembre, y revient ce jour pour tenter de dissimuler l’échec de la percée espérée. Sous le titre « La grande bataille » il écrit :

« Notre offensive a commencé depuis une huitaine de jours. Elle a eu d’emblée un résultat merveilleux, mais ce n’est qu’une entrée en matière. Cette victoire, pour porter tous ses fruits, doit avoir des lendemains. Cependant ne nous figurons pas que d’un seul bond on puisse aller jusqu’au bout de l’entreprise. Il faut nous y prendre à plusieurs fois. L’artillerie d’abord, l’infanterie et la cavalerie ensuite. Soyons patients, comme il convient lorsqu’on veut marcher sûrement. »

Gaston Veil, que l’on a connu plus fougueux il y a peu, croit bon de rajouter, pour ceux qui liraient les communiqués du camp d’en face, publiés par certains quotidiens nationaux :

« Les Allemands… n’avouent pas leur défaite et ils tentent d’embrouiller les choses à tel point que le public n’y comprenne plus rien. Ils expliquent dans le détail qu’ils sont victorieux, ce qui ne les empêche pas de reculer dans l’ensemble. Les contradictions ne les gênent pas. »

 

Quant à l’éditorialiste du Phare, depuis quelques jours, il est passé à d’autres sujets. Une façon comme une autre de cacher l’échec de l’offensive française.