lundi, 28 avril 1913

Royalistes en mission chez les ouvriers

Une réunion royaliste s’est tenue au « Café de la Champagne », place Bretagne, à 20 h 30, devant 250 à 260 personnes dont de nombreux « libertaires » venus apporter la contradiction.

L’orateur, M. Georges Valois, s’était exprimé la veille devant les royalistes nantais, salle Toublanc, à l’occasion de la Saint Philippe. Il est venu dans ce quartier populaire du Marchix, entouré de « camelots du Roi », tenter de convaincre les ouvriers que seule la monarchie est capable d’assurer le bonheur de la classe ouvrière.

Selon le rapport du commissaire central de police : « Il s’est d’abord attaqué aux intellectuels de 1793 et 1830 dont les théories néfastes ont détourné la classe ouvrière de l’idée de Dieu ; après quoi il a tenté de prouver la fausseté des théories de Darwin, monstrueuses et néfastes ».

« Abordant l’idée de Patrie, il déclare qu’elle a toujours existé et c’est pourquoi il se dit partisan de la loi de 3 ans, nécessaire en ces temps où l’horizon est si noir de menaces. La Monarchie, dit-il est seule capable d’assurer la grandeur de la France que la République ne sait pas mettre en état de défense et elle seule saura faire faire respecter la classe ouvrière entièrement liée à l’intérêt national, et, partant de là il faut que la classe ouvrière trouve des garanties qu’une monarchie est seule capable de lui donner. D’ailleurs ajoute-t-il, l’ouvrier n’est pas antipatriote et les idées antimilitaristes ne lui ont été données que par des intellectuels qui ont su propager cette monstruosité. ». Puis l’orateur parle du capital.

Ensuite la parole est prise et monopolisée par les ouvriers présents dans la salle, et principalement par Mr Moreau, un syndicaliste libertaire, qui dit « ne connaître qu’une chose, l’amélioration de la classe ouvrière par elle-même et sans le concours de régimes politiques ». Moreau fait un pressent appel aux ouvriers pour se grouper et conclut ainsi : « que la plus détestable des Républiques est encore préférable à la meilleure des Monarchies ». Aucune contradiction ne s’élevant dans les rangs royalistes la réunion prend fin dans le calme.