lundi, 24 août 1914

« Recueillons-nous ! »

Le 22 août, victime du décalage entre l’événement et son annonce par les communiqués officiels, Le Phare avait titré : « Plus de barbares chez nous ». Cela n’était pas une injonction mais un constat justifié par ce le Communiqué officiel du 21 août : « Il est agréable de constater que vendredi matin il n’y avait plus aucun point du territoire français occupé par l’ennemi. »

 

Deux jours plus tard, les journaux sont informés de la tournure catastrophique des opérations pour l’armée française mais n’osent l’annoncer. Le 24 août, Le Phare titre « La bataille est engagée » et Le Populaire : « La première grande bataille est engagée ».

 

Dans ce dernier journal, l’éditorial de Gaston Veil, abandonnant les envolées patriotiques en appelle au recueillement, laissant deviner sous le silence prudent un moment de deuil :

« En ce moment des centaines de milliers de Français combattent dans les plaines de Belgique pour purger la terre de ces monstres (les Allemands). Ce n’est pas seulement la France qu’ils défendent, c’est tout le monde civilisé. Nous ne connaissons encore aucun détail, nous ne savons pas dans quelles conditions la bataille est engagée. Aussi nous ne prononcerons pas de paroles inutiles… Pour le moment, nous tous, Français, qui n’avons pas le bonheur d’avoir les armes à la main, recueillons-nous ! »