vendredi, 19 novembre 1915

Orientales

Faute d’opérations victorieuse sur le front occidental, les journaux nantais se focalisent depuis un certain temps sur le front oriental où, après l’échec des Dardanelles, les Alliés ont débarqué à Salonique, début octobre, pour porter secours aux Serbes attaqués par les Bulgares soutenus par les Autrichiens et les Allemands.

 

Dans Le Phare de ce jour, sous le titre « Orientales », Maurice Schwob fait le point sur la situation dans la région.

D’entrée il admet que : « Les nouvelles de Serbie sont franchement mauvaises. Nos intrépides amis ont atteint la limite extrême de leur résistance. » C’est peu dire. L’armé serbe, battue, s’est réfugiée en Albanie et a été abandonnée par ses alliés franco-britanniques repliés à Salonique.

Pour ne pas décourager l’opinion et provoquer la censure, Maurice Schwob veut voir dans ce repli tactique un gage de victoire future : « De Salonique, nous menaçons toutes les frontières terrestres ».

 

Concordance des temps, au même moment, le général Guillaumat écrit à son épouse : « Nous sommes tous angoissés par ce qui va se passer à Salonique. Nous le sommes plus que personne, puisque nous y avons des camarades. » Guillaumat plaide pour un renforcement du front oriental car, après la défaite des Serbes, il craint celle des Russes qui permettrait ensuite aux Allemands de transférer leurs troupes à l’Ouest.

 

Loin de ces sombres pensées, Maurice Schwob préfère terminer son éditorial par une métaphore optimiste : « Doit-on s’effrayer si le Kaiser, pour leurrer son peuple par des succès faciles, étend indéfiniment sa ligne de bataille, jusqu’au jour où elle se rompra d’elle-même, comme se brise l’enveloppe amincie d’une bulle de savon ? »