jeudi, 31 juillet 1919

« Notre cauchemar est fini ! »

Le 20 juillet, la directrice de l’école de filles du boulevard de la Colinière, commence la rédaction de son rapport de fin d’année. Elle veut y tirer les leçons du conflit qui se termine et des raisons d’espérer en l’avenir.

Ses propos mettront un point final aux chroniques Nos années cruelles.

« L’on peut dire sans être taxé d’exagération, que l’énergie, l’endurance des enfants, toutes proportions gardées, n’ont pas été moindres que celles des poilus leurs grands frères ou leurs pères. Dans cette terrible guerre, des plus grands aux plus petits, la France a le droit d’être fière.

La France toute entière et en particulier nos écoles vont reprendre les travaux de paix qu’elles n’auraient jamais voulu interrompre.

Sans donner aux élèves des leçons de haine qui ne conviendrait pas à notre caractère national, apprenons-leur cependant à ne rien oublier.

Il faut que la plus terrible leçon que jamais l’Histoire des peuples ait eue à enregistrer n’ait pas été vaine et que la date de la Victoire marque une nouvelle ère où toutes nos qualités natives soient intensifiées.

Nous avons montré que la légèreté française n’était qu’à la surface. Que cette mousse de notre esprit cachait un fond sérieux, que notre gaieté n’était pas indifférence. Souhaitons que notre contact avec nos Alliés ne soit pas inutile et, sans perdre notre originalité, sachons joindre à nos qualités celles qui nous ont frappé chez eux : ordre, méthode, incitation hardie, esprit de décision rapide, nullement entravé par une bureaucratie surannée, calme qui n’exclut pas la vivacité des sentiments.

Que la leçon soit féconde pour que la postérité puisse dire : d’elle est née la transformation de l’Humanité : du plus terrible fléau est sorti le plus grand bien. Notre cauchemar est fini ! Que le réveil et les jours qui suivront soient heureux !

Vive la France ! Vivent nos Alliés – Vivent Clemenceau, Wilson, Lloyd George – Vivent Joffre, Foch, Pétain, nos glorieux généraux et gloire à nos immortels poilus !

 

                                                Nantes le 20 juillet 1919                                  H. Viaud »

 

La victoire vue par une élève de l’école E. Péhant (AMN)