vendredi, 4 janvier 1918

L’état de l’opinion

Le général commandant la 11e Région militaire répond au ministre de la Guerre soucieux de l’état d’esprit de la population :

 

« L’état général de l’opinion est resté sensiblement le même qu’au cours des mois précédents. Récriminations fréquentes contre la vie chère et la prolongation de la guerre, inquiétudes causées, notamment dans les grandes villes, par les restrictions en vigueur. On redoute que le rationnement du pain ne soit une nouvelle cause d’élévation du prix des autres denrées de première nécessité.

 

Les soucis se trouvent en partie effacés par la prospérité individuelle, commerciale et agricole. « Chacun, dit M. le préfet de la Loire-Inférieure semble surtout préoccupé d’améliorer sa propre situation et de profiter de l’état de guerre et des circonstances pour réaliser des bénéfices. Cette tendance constitue un dérivatif à des réflexions qui pourraient parfois se traduire par une certaine lassitude et un certain découragement ».

 

« Les événements extérieurs continuent d’affecter péniblement l’état des esprits. On regarde du côté de la Russie avec inquiétude, se demandant quel va être pour la France et ses alliés le contre-coup de la défection de cette puissance ».

 

« Les rumeurs, déjà signalées, concernant l’exploitation future de la France par les alliés, et notamment de la région de l’Ouest par les Américains, continuent de circuler ».