mardi, 25 juin 1918

Les réfugiés arrivent (Le Populaire)

Toutes les personnalités de la ville se sont retrouvées hier à la gare de Nantes-Orléans pour accueillir « nos malheureux compatriotes » (Le Populaire)

 

Le journal continue : « Le convoi comprend 867 rapatriés (hommes, femmes, enfants) ; la majeure partie est de Lille et région ; les autres sont des départements envahis voisins. 370 doivent repartir pour Châteaubriant, point terminus de leur randonnée ; le reste part dans diverses directions, sauf 113 qui passeront la nuit à Saint-Joseph ».

 

Interrogés, les réfugiés font : « le récit des souffrances endurées sous la botte des Allemands, les réquisitions de femmes, de jeunes gens, les scènes de désespoir… ».

 

Ils évoquent aussi leur long parcours vers la liberté : « Pensez donc, me dit-on ; nous sommes de Lille et avons été conduits en Belgique, près de Liège, depuis plusieurs mois. Nous voyageons depuis plus de 150 heures ; exactement deux jours depuis Evian. Les larmes aux yeux, ces braves gens me disent leur émotion quand ils passèrent la frontière germano-suisse, l’accueil fraternel des Suisses, les acclamations et les soins qu’ils reçurent à la frontière française ».

 

Le « rapatriement » de ces réfugiés de la dernière heure, habitants des dix départements envahis, est organisé par les Allemands. Ils viennent s’ajouter à ceux arrivés au début du conflit et plus récemment, à ceux de la région parisienne.

Désormais, avec deux millions de personnes, le nombre de réfugiés en France atteint son maximum.