mardi, 26 mars 1918

« Les poilus tiennent. Les civils tiendront. »

 

Ce titre martial du Phare relève plus de l’incantation que du constat objectif.

 

Dans la colonne d’à côté, les communiqués disent une autre réalité :

« Des combats excessivement violents se sont déroulés toute la journée, sur de larges fronts au sud de Péronne, ainsi qu’au sud et au nord de Bapaume… En dépit de la valeureuse résistance de nos troupes, nous avons été contraints de céder du terrain. L’ennemi occupe Nesle et Bapaume, et des combats très durs se poursuivent ». (Communiqué anglais)

« Nos troupes se conformant aux ordres reçus cèdent le terrain pied à pied en exécutant de vigoureuses contre-attaques et infligeant à l’ennemi de lourdes pertes ». (Communiqué français)

 

Les éditorialistes, sans nier les difficultés du moment, minimisent la défaite et cherchent dans des démonstrations tactiques des raisons d’espérer. Gaston Veil, dans Le Populaire termine son éditorial intitulé « Dans la fournaise » ainsi :

« Quoi qu’il en soit, nul ne doit se dissimuler la violence de la bataille. D’un côté comme de l’autre on semble résolu à tout pour en finir. Nous avons autant d’espoir qu’on peut en avoir. En somme, malgré le recul que l’on sait, les troupes franco-anglaises tiennent sur toute la ligne : nulle part le front n’est percé, et c’est là l’essentiel ».

 

Le lecteur curieux qui, à partir des communiqués officiels, déplace sur la carte la ligne de front perçoit plus le recul des alliés que leur résistance.