samedi, 3 mai 1919

Les incidents du Premier mai

« La fête du travail – La classe ouvrière française a manifesté dans le calme et la dignité – A Paris quelques incidents se sont produits » titrait hier Le Populaire.

 

Au soir du 1er mai Buat écrivait dans son Journal : « Dans l’après-midi, le préfet de police a paru un peu effaré des rencontres qui se sont produites dans la journée entre agents et manifestants. Dans la soirée, nous apprenons que si le 1er mai a été mouvementé, il ne l’a pas été plus qu’en d’autres circonstances analogues. L’armée, et c’est essentiel, s’est admirablement comportée ».

 

Aujourd’hui, Le Populaire, mieux informé, annonce : « Les incidents du premier mai – Les bagarres à Paris – Les résultats d’une sanglante journée – On compte 2 tués et 700 blessés ».

Gaston Veil dans son éditorial s’en prend à Clemenceau :

« Le gouvernement a voulu montrer le 1er mai qu’il était fort et que, si la CGT était capable d’interrompre le travail pendant vingt-quatre heures, lui, il était en état d’arrêter une manifestation dans les rues de Paris… M. Clemenceau en cette circonstance, comme en plusieurs autres, n’a pas hésité à donner des ordres rigoureux pour disperser les groupes syndicalistes et pour frapper avec une sauvage énergie des hommes, des femmes, des enfants coupables de célébrer à leur manière la fête du 1er mai ».

 

Maurice Schwob, dans Le Phare, accuse, lui, les bolcheviques : « Pêcheurs en eau trouble… Ils ne travaillent pas eux-mêmes, en général : ils lancent quelques fous ou payent quelques apaches pour donner et récolter les mauvais coups. C’est ce qui s’est passé à Paris, où des scènes de sauvagerie, auxquelles les vrais ouvriers n’ont pas pris part, ont fâcheusement gâté une belle journée de sagesse populaire ».

 

Au temps du muguet varient les sons de clochettes.