samedi, 13 avril 1918

Les bombardements de Paris

« Après les obus à longue portée les Gothas reviennent – Les victimes, les blessés, les dégâts ».

 

Sous ce titre, Le Populaire oublie quelque peu les Gothas pour se consacrer au « repaire des canons monstres » qu’il se garde bien de localiser malgré un luxe de détails :

« Les trois monstrueuses Berthas ont 30 mètres de long. Elles marquent d’après leurs emplacements les trois points d’un triangle et sont situées à 700 mètres les unes des autres. Bien qu’habilement camouflées mais non sous des abris bétonnés les trois pièces ont été entourées d’une dizaine de pièces de marine qui tirent sur divers objectifs rapprochés en même temps que partent les obus sur Paris. Cette simultanéité est destinée à égarer au moyen des détonations synchroniques la recherche du repérage par le son – ruse sans résultat puisque l’emplacement des pièces est connu ».

           

Décrire le mal s’est déjà un peu l’exorciser et l’article continue à fournir des détails techniques au détriment d’un bilan précis des victimes pourtant annoncer en titre. Mais il faut éviter d’amplifier la panique : depuis les premiers tirs, le 23 mars, déjà un demi million de Parisiens ont quitté la capitale.

 

Le bombardement des villes adverses par avions d’abord, et maintenant par canons, prend une nouvelle dimension en cette année 1918. On ne vise pas les objectifs militaires mais la population civile confondue désormais avec la population combattante. Un fâcheux précédent.