mercredi, 7 mai 1919

Le Tigre et le Maréchal s’affrontent sur le Rhin

Depuis le début des négociations sur le traité de paix, Foch défend l’idée selon laquelle il faut faire du Rhin la frontière militaire de la France face à l’Allemagne.

Clemenceau, confronté à l’opposition irréductible de Wilson et Lloyd George a renoncé à l’idée d’une occupation militaire illimitée de la rive gauche du Rhin au profit d’une occupation temporaire destinée à être réduite progressivement.

Les deux hommes s’expliquent en Conseil des ministres au moment de remettre les préliminaires de paix aux Allemands.

 

Le général Buat notait hier soir dans son Journal :

« Le Tigre a bien appelé le maréchal Pétain dans le but de lui parler du maréchal Foch. Celui-ci, comme on sait, a été entendu par le Conseil des ministres au sujet des conditions militaires du Traité de paix. Son opinion, émise sous la forme ramassée en gestes plus qu’en paroles que tout le monde connaît, a d’autant moins convaincu l’auditoire que Clemenceau a pris la parole après son départ…

Le maréchal Foch aurait éprouvé de cet échec un tel dépit qu’il aurait refusé de transmettre au général Nudant, président de la commission d’Armistice de Spa, l’ordre de convoquer les plénipotentiaires allemands, si bien que le président du Conseil dût se charger d’assumer cette tâche.

Dès ce moment, Clemenceau entretint de l’incident le président Wilson et M. Lloyd George, qui s’étonnèrent qu’un militaire n’obéit pas aux ordres de son gouvernement ».

 

Foch fait alors savoir aux trois chefs de gouvernement qu’il a l’intention de démissionner de sa fonction de commandant des forces alliées si son avis n’est pas pris en compte et en avertit la presse. Il n’en fera rien.