jeudi, 10 juillet 1919

« Le régime de la poigne »

C’est le titre de l’éditorial de Gaston Veil dans Le Populaire après que les députés aient reconduit l’état de siège et la censure.

Il gronde :

« Le Parlement-croupion s’est déclaré une fois de plus mardi l’adversaire des libertés publiques, ou plutôt il s’est aplati comme toujours devant le gouvernement…

Tant que la guerre a duré nous avons supporté la censure comme un mal nécessaire. Nous l’avons combattue à cause de ses exagérations. Néanmoins nous avons été modérés dans nos attaques.     Il y eut pourtant un homme qui n’eut pas les mêmes scrupules que nous et qui, sans se soucier des circonstances critiques dans lesquelles nous nous trouvions, n’hésita pas à mener contre les ministres alors au pouvoir la campagne la plus violente qu’on eût jamais vue, parce que la censure osait toucher à ses articles. Cet homme fut M. Clemenceau.

Ce même M. Clemenceau prétend aujourd’hui qu’il est le maître, conserver cette censure et cet état de siège grâce auxquels il est tout puissant… Nous sommes le dernier pays où la censure et l’état de siège existent. Ils ont disparu aux Etats-Unis, en Angleterre, en Italie. Mais en France, dans le pays qui a répandu jadis la liberté à travers le monde, nous continuons à être bâillonnés parce qu’il plaît à M. Clemenceau de ne pas rendre compte de ses actes et parce que le Parlement tremble devant lui. Quelle honte ! »