jeudi, 25 avril 1918

Le « piqueur de femmes »

 

Depuis un peu plus d’un mois un mystérieux « piqueur de femmes » hante les colonnes des journaux nantais… et les Nantaises.

 

« L’opinion publique commence à se préoccuper fortement des agissements aussi absurdes que dangereux de cet infect individu qui depuis un certain temps déjà, à la nuit tombée, suit les femmes qu’il frappe d’un coup de couteau par derrière, selon les unes, qu’il pique aux bras, selon les autres » écrit le journaliste du Populaire.

 

L’individu pique partout, dans la rue, dans le tram et même dans la basilique Saint-Nicolas tantôt avec un couteau, tantôt avec une épingle. Un portrait robot est diffusé et on croit le voir partout. On se demande s’il agit seul ou s’il a fait des émules ce qui expliquerait son don d’ubiquité. Pour cerner sa personnalité, Le Populaire consulte un médecin qui se pique de psychiatrie.

« Il pique toujours » titre la presse en cette fin avril et Le Populaire témoigne de l’exaspération de la population :

« Après une période d’accalmie, voici que la hantise du piqueur se manifeste de plus en plus parmi le sexe faible. Pour une attitude, pour un geste, pour un rien même de paisibles passants sont désignés comme étant le piqueur par des femmes à l’imagination vraiment trop fertile et aux nerfs trop tendus… » Ensuite le journaliste expose le cas d’un quidam emmené au poste pour avoir été pris pour le piqueur, comme d’autres avant lui.

 

Après cet article, au ton persifleur, on n’entendit plus parler du piqueur dans les journaux. Peut-être la police l’avait-elle piqué !