vendredi, 6 juin 1919

« Le mouvement ouvrier prend de l’extension »

 

Ce titre barrait toute la une du Populaire hier.

Depuis le 2 juin des grèves débutées en région parisienne (transports, puis usines) s’étendent à tout le pays. Le blocage des salaires, l’inflation, le chômage provoqué par le retour des démobilisés en sont la cause. La présence dans le mouvement de militants révolutionnaires inspirés par l’exemple russe inquiète les autorités.

 

Au GQG le général Buat note dans son Journal :

« Le ministère s’inquiète fortement des grèves qui viennent d’éclater à Paris et qui intéressent à l’heure actuelle, plusieurs centaines de milliers de travailleurs. Il a raison, car ce mouvement qui ne peut s’expliquer par des revendications corporatives est, au premier chef, un mouvement révolutionnaire suscité par des agents politiques et, malheureusement, des agents politiques qui prennent évidemment leur inspiration à l’étranger… Justement inquiet, le Gouvernement dispose, à Paris, pour le maintien de l’ordre des 7e et 10e divisions et de deux divisions de cavalerie. Il nous demande d’envoyer encore les 8e, 33e, 34e, et 9e divisions avec des groupes d’automitrailleuses et un bataillon de chars blindés. Ce sont de bonnes précautions. J’ai l’espoir que l’on n’aura pas à faire usage de toutes ces forces ».

 

De son côté, Maurice Digo, toujours mobilisé à Nancy note dans ses Carnets :

« Les maquignons de la paix éternisent leurs discussions. Le mécontentement règne dans les casernes où l’on s’énerve. Grèves dans les usines métallurgiques. La troupe appelée pour renforcer la Police est encore prête à se battre. Elle comprend mal que les ouvriers mobilisés aient attendu la fin de la guerre pour se mettre en mouvement (encore que ce soit pour une question de salaire) ».