samedi, 31 mai 1919

Le monument aux morts du Lycée de Nantes

Au début de l’année 1912, le proviseur du Lycée de Nantes, Jean Barou, avait envisagé d’apposer sur un mur de l’établissement, une plaque où seraient gravés les noms des anciens élèves « morts à l’ennemi » depuis 1870. On s’en souvient (voir notre première chronique de l’année 1912) ce projet n’avait pu aboutir.

 

Cette idée ne l’a pas quitté durant toute la guerre, même s’il l’a adaptée, et à chaque remise de prix il a évoqué la réalisation d’un Livre d’or et d’un monument pour garder le souvenir des anciens du Lycée morts lors du conflit en cours.

 

Dès la fin des hostilités, le proviseur Barou et les Sociétés amicales des anciens du lycée (Nantes et Paris) conçoivent  le projet d’élever dans la cour d’honneur du Lycée, un monument commémoratif à la mémoire des élèves ou anciens élèves du Lycée, des membres de l’enseignement tombés au champ d’honneur ou combattants de 1914 à 1918. Dans ce projet de monument commémoratif sont pris en compte tous les anciens combattants du Lycée : les morts et les survivants. On élargit même la reconnaissance à ceux qui ont mené le combat, non pas dans les tranchées mais sur le plan politique, car on envisage de faire apparaître sur le monument Georges Clemenceau, dont le nom a été donné au Lycée, par décret, le 4 février 1919.

Pour réaliser le projet, une commission, constituée sous la présidence d’honneur du maire de Nantes, Paul Bellamy (ancien élève du Lycée) se met en place. Elle est constituée du proviseur, des membres du conseil d’administration du lycée, des professeurs et d’amis du lycée. L’exécution du monument est confiée à un ancien élève du lycée, le sculpteur Siméon Foucault, Grand Prix de Rome de l’année 1912, et lui-même ancien combattant qui doit soumettre plusieurs projets à la commission. En décembre 1919 une souscription sera ouverte.

Très vite les avis divergent, tant sur la conception du monument que sur son emplacement selon la fonction que chacun veut lui attribuer.

Pour les professeurs et les anciens élèves prime le rôle éducatif du monument pour les générations futures de lycéens, ils le veulent en pleine lumière, s’imposant à l’attention de tous. Ils préconisent à cet effet un emplacement aussi rapproché que possible du centre de la cour et semblent préférer un groupe sculptural en plein relief.

Les architectes, se préoccupent plutôt de choisir l’emplacement et le genre d’œuvre susceptibles de s‘harmoniser le mieux avec l’ensemble architectural de la cour et de donner ainsi satisfaction à l’esthétique. Ils préconisent un bas-relief en bronze, accolé à une stèle encadrée dans le fond de verdure de l’extrémité de la cour.

Dans un courrier daté de ce jour, 31 mai 1919, M. Mailcailloz, membre du comité pour l’érection du monument commémoratif clôt la discussion en convenant que le but éducatif du monument est conciliable avec son emplacement à l’extrémité de la cour, à condition que son entourage de verdure et de fleurs  attire tous les regards dès l’entrée dans la cour, comme « dans une cathédrale, le maître-autel, placé cependant presque au fond de la nef, s’impose dès l’entrée…[car]… tout le vaisseau qui y conduit semble fait pour lui, concourt à le faire plus désirable et plus grand ».

Il faudra ensuite tenir compte de l’avis de l’inspecteur d’académie et des incontournables querelles politiques avant que le monument ne soit inauguré, en présence de Georges Clemenceau, le 27 mai 1922.

 

Faute de place sur le monument pour graver les noms des anciens du Lycée morts au combat, on demanda à l’architecte Charles Guignery de réaliser dans le parloir, devenu la salle d’honneur du lycée, des tables mémoriales.

Dix ans après, Jean Barou, qui avait quitté le Lycée en 1920, voyait son vœu d’un monument commémoratif réalisé, mais il avait fallu pour cela une nouvelle guerre.

 

27 mai 1922 : Georges Clemenceau est venu inaugurer le monument aux morts de son ancien lycée qui porte désormais son nom.