dimanche, 28 février 1915

Le 75, c’est Fanfan-la-Tulipe

C’est la « Journée du 75 », jour de quête dans tout le département pour venir en aide à notre armée.

Gloire au fameux canon !

« C’est un bijou. L’artilleur qui, de la main, lisse son col élancé, est au courant de ses prouesses. Il l’aime et le soigne comme un ami. Sa fine silhouette grise se fond dans les horizons noyés de brume. A peine l’aperçoit-on lorsque, rapide sur son affût léger, il escalade au galop de l’attelage une côte abrupte du haut de laquelle, ayant pris position, il fait pleuvoir sur l’ennemi obus et shrapnells. Sa voix est claire, son âme palpite aux déflagrations du salpêtre.

C’est le canon français par excellence. Il réunit en lui toutes les vertus guerrières de notre race. Il symbolise l’alerte et gai troupier – Fanfan la Tulipe ou Dumanet – qui, la chanson aux lèvres, donne l’assaut en se riant de la Camarde.

Oui, c’est bien là un pur produit de notre génie.

Et voyez l’antithèse : issus de cerveaux alourdis par la bière et le genièvre, les monstres de Krupp, trapus, informes, lents à se mouvoir, décèlent leur origine. Orgueilleux, ils offrent leur imposante masse d’acier comme les reitres du Kaiser étalent, après une orgie, leur panse repue. Ils sont une manifestation de cet esprit germanique qui n’apprécie que la lourdeur et la raideur, qui aime et voit tout en gros, tout jusqu’aux rondes et épaisses gretchens ! » (Le Populaire)

 

Artilleurs nantais et leur 75 à Le Mesnil-lès-Hurlus (Champagne) en 1915

Artilleurs nantais et leur 75 à Le Mesnil-lès-Hurlus (Champagne) en 1915