dimanche, 25 novembre 1917

« La Trahison de Lénine »

C’est le titre de l’éditorial de Gaston Veil dans Le Populaire et aussi celui de toute la une du journal qui revient, après s’être attardé plusieurs jours sur la politique intérieure française, à la question russe et à ses retombées militaires.

 

« La trahison russe s’accomplit peu à peu, elle ne tardera pas sans doute à être consommée » écrit G. Veil pour qui elle prend deux formes :

 

D’abord il y a « la publication des documents diplomatiques » par Trotsky. « Ce singulier ministre des Affaires étrangères est en train de commettre une de ces félonies, comme on en a peu vu jusqu’à présent ». G. Veil perçoit le but de la manœuvre : en publiant les traités secrets passés entre la Russie et ses alliés, Trotsky s’adresse à l’opinion occidentale et en particulier aux classes ouvrières de France, de Grande-Bretagne et d’Allemagne dont il attend un sursaut pour mettre fin à la guerre.

 

Mais il y a plus grave. « Un armistice libèrera presque toutes les troupes allemandes et Hindenburg en profitera aussitôt pour les jeter sur nous ou sur les Italiens. Mais la trahison de Lénine peut aller plus loin. Il y a un million de prisonniers allemands en Russie. Si Lénine signe la paix avec l’Allemagne, il rendra ces prisonniers et ce sera un million de combattants de plus que Guillaume retrouvera ».