lundi, 31 décembre 1917

La Russie, toujours

« La paix russe » (Le Populaire) ;

« Qu’est-ce qu’un Russe ? » (Le Phare).

Les éditorialistes nantais terminent l’année, le regard tourné vers l’est.

 

 

Gaston Veil rumine avec aigreur, dans un long article, tout ce qu’il a déjà écrit sur la trahison des bolcheviques et semble avoir perdu toute illusion : « Lénine et Trotsky font la révolution intégrale… Nous avons cru tout d’abord qu’ils ne s’étaient emparés du pouvoir que pour quelques jours et ils sont toujours là ».

 

Le Phare aborde la question russe sur un ton plus badin. Interrogeant son entourage le journaliste se voit répondre : « Un Russe ? Monsieur, c’est un gros mot, une basse injure ». « Un Russe c’est un individu hérissé de peaux qui ne sait pas lire et qui ne veut pas se battre ». Pourtant, écrit le journaliste : « Leur débarquement dans nos ports fut un triomphe. Le seul mot de « moujik » tirait des larmes à nos petites jeunes filles. Ah ! ça ! Croyez-vous que le Russe ait, en quelques années changé radicalement d’âme ou n’est-il pas plutôt vraisemblable que nous n’avons jamais cessé de juger la Russie avec notre seule passion et non notre raison ? En ce cas, j’oserais croire que le Russe ne mérite ni les excès d’honneur prodigués jadis, ni les injures à la mode aujourd’hui ».

 

Mais l’époque n’est guère à la raison.