jeudi, 27 septembre 1917

La mort du héros

Les articles parus dans les journaux d’hier annonçant la disparition de Guynemer n’avaient pour but que de préparer l’opinion à la mort du héros.

 

Les journalistes le savaient mais la censure veillait comme le dit Verax dans Le Populaire de ce jour :

« J’aurais voulu en parler tout de suite, quand j’eus appris la nouvelle, mais c’était alors défendu. Aujourd’hui la consigne est levée, et c’est un soulagement pour moi de dire ma tristesse, de rendre à Guynemer, si faiblement que ce soit, l’hommage qu’il mérite… ».

Et après avoir rendu cet hommage, il conclut :

« Mais on voudrait savoir exactement ce qui s’est passé en dernier lieu, comment Guynemer a été abattu. Plusieurs versions circulent, toutes héroïques naturellement.

« Nous espérons qu’on nous dira celle qu’il faut accepter. Nous avons le droit d’être renseignés sur la fin de nos héros. Il n’y a rien là qui puisse affaiblir notre moral. Au contraire, nous pensons que la meilleure manière d’honorer les braves c’est d’être dignes d’eux ».

 

Après avoir sculpté de son vivant, grâce à la presse, la statue du héros pour l’édification des foules, la propagande veille à ce que le dernier coup de marteau ne défigure pas l’œuvre ; elle va devoir encore beaucoup servir.