samedi, 3 février 1917

« La morsure du froid »

 

 

Le froid, vif à Nantes (-10° relevé au Petit-Port), l’est encore plus dans l’Aisne, là où se trouve Maurice Digo, mobilisé pour la grande offensive de printemps sur le Chemin des Dames.

 

Il note dans ses Carnets : « Le terrassement est devenu absolument impossible. Les équipes battent la semelle vainement et la morsure du froid arrache des gémissements aux plus solides gaillards. Il n’y a aucune révolte. On attend simplement l’évacuation et l’amputation d’un membre gelé, à la veille d’une attaque, est considérée comme une chance exceptionnelle ».

 

A Nantes, un journaliste du Phare s’indigne que, au pont de la Bourse, au-dessus de la Loire gelée : « certains de nos concitoyens se livrent à la pêche aux mouettes ». Les pauvres bêtes affamées se jettent sur les appâts que des pêcheurs leurs jettent accrochés à des hameçons au bout de leurs lignes.