jeudi, 26 novembre 1914

« La marine est la gardienne des greniers »

Maurice Larrouy, ancien élève du Lycée de Nantes, est lieutenant de vaisseau sur le croiseur Waldeck-Rousseau qui patrouille en Méditerranée.

 

 

Le 26 novembre il écrit dans son journal :

 

« La marine est la gardienne des greniers. Nous le savions déjà, nous qui hantions les grandes routes pendant les navigations pacifiques, mais cinq mois de labeur nous ont prouvé que nous ne le savions pas assez. Nous avons vu passer, nous avons protégé l’innombrable théorie des colporteurs chargés du blé dont on fait le pain, des troupeaux qui donnent la viande, de l’acier qui forme l’obus. Les navires de guerre ont libéré les voies qui ravitaillent nos champions et fermé celles de leurs adversaires. Combien de mois encore durera cette besogne ?

 

 Les gestes des marins ne sont pas retentissants et la gratitude terrestre ne remercie point leur fatigue. Qu’importe ? Si l’œuvre secrète des navires empêche que les larmes de la famine s’ajoutent à celle du deuil, elle n’aura pas été sans grandeur. »