jeudi, 9 décembre 1915

La « guerre de mines »

L’hiver interrompt les grandes offensives.

La guerre de tranchée se résume alors à un duel d’artillerie ponctué par les explosions de mines, posées sous les lignes ennemies après un long travail de sape.

 

C’est cette guerre qu’évoque le général Guillaumat dans un courrier à sa femme :

« Cette guerre de mines, dans laquelle on ne connaît que les coups que l’on reçoit sans savoir ceux que l’on donne, est bien peu intéressante. Les dernières explosions nous ont causé trop de pertes, mais elles ont montré une fois de plus le courage et le sang froid de nos troupes. Il y avait 24 heures qu’on attendait l’explosion parce qu’on n’entendait plus les Boches travailler ; on avait réduit les guetteurs au strict minimum, aussi les pertes eussent-elles dû être insignifiantes si la charge des mines n’avait été telle qu’on n’en avait jamais vu, disloquant et écrasant tous les abris à 100 mètres en arrière. Cela n’a pas empêché tout le monde de rester, ou de courir à son poste. Un caporal est resté avec deux hommes de l’autre côté des entonnoirs toute la journée tiraillant contre l’ennemi et, après 36 h de ce métier, on a fini par l’entendre qui criait : «La soupe, nom de Dieu, est-ce qu’on ne va pas nous apporter la soupe ! ». J’ai été le lendemain dans les entonnoirs : c’est impressionnant, on ne reconnaît plus rien du terrain. Notre tranchée a été comblée par la terre retombée sur elle ; mais tout ce que les Boches ont gagné c’est que nous sommes plus en avant que précédemment. »