samedi, 23 mars 1918

La grande bataille

« La bataille est acharnée sur le front anglais – Effroyables pertes de l’ennemi » (Le Phare) ;

« La bataille se déploie avec une intensité extraordinaire » (Le Populaire)

 

Les titres de la presse locale sont au diapason des communiqués officiels :

« Ce matin l’ennemi a renouvelé ses attaques en forces considérables sur presque toute l’étendue du front de bataille… Nos pertes, qui sont forcément élevées, demeurent toutefois en rapport avec l’importance de la bataille… Partout le recul s’est effectué avec ordre et avec des pertes terribles pour les Allemands… ». (Communiqués du 22 au soir)

 

Un mélange de vérité et de patriotique mensonge qui dissimule mal la progression foudroyante de l’ennemi. Celui-ci va franchir la Somme le lendemain, ralentir ensuite en arrivant sur l’ancien champ de bataille, dévasté lors de l’offensive de 1916, et progresser sur une profondeur de 60 km, jusqu’aux portes d’Amiens où il sera stoppé le 5 avril.

 

Ce 23 mars, Gaston Veil écrit dans son éditorial : « Nous voici donc en pleine bataille. Il est probable que l’effort allemand ne va pas se limiter à l’attaque des positions occupées par les Anglais. Hindenburg va sans doute lancer ses régiments contre nous… ». Et G. Veil redoute une attaque au sol sur Paris relayée par une attaque aérienne : « La manœuvre se dessine déjà. Cette nuit, l’alerte a sonné à Paris. Des avions se dirigeaient vers la capitale ».

 

Pour Paris, la menace va bien venir du ciel, mais autrement que par les avions !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les Bertha, du nom de Bertha Krupp, fille du célèbre métallurgiste allemand étaient des canons de gros calibres utilisés depuis le début de la guerre. Les Allemand les modifient à la fin de l’année 1917 pour en faire aussi des canons à longue portée capables d’atteindre Paris. Pesant 750 tonnes (avec la plate-forme de tir), ne pouvant être déplacés que sur une voie ferrée, ils sont localisés à 120 km de la capitale à Crépy-en-Laonnois.

La première campagne de tir débute le 23 mars 1918 et durera jusqu’au 3 mai quand l’éclatement d’un canon exigera une interruption des tirs de trois semaines. Le premier jour, les tirs se succèdent de 7 h 09 à 14 h, à une cadence d’environ un obus toutes les vingt minutes. On dénombre 15 morts et 29 blessés après cette première journée.