dimanche, 1 juin 1913

Jeanne et Marianne, Bleus et Blancs : l’impossible réconciliation

Le « Comité de la statue de Jeanne d’Arc », émanation des monarchistes nantais, a fait réaliser une statue équestre de l’héroïne par Le Bourg et l’a installée, avec l’autorisation de la municipalité, sur la place des Enfants Nantais, devant la basilique Saint-Donatien. Il demande à l’inaugurer le 18 mai, fête de Jeanne d’Arc. La municipalité républicaine nantaise, qui ne veut pas laisser Jeanne aux royalistes, repousse l’inauguration au 14 juillet, jour honni par les monarchistes.

 

Le Comité, décidé à garder la main sur sa statue et malgré l’interdiction d’organiser des processions religieuses dans la ville depuis les graves événements de 1903, décide d’aller couronner de fleurs Jeanne d’Arc, le dimanche 1e juin, après avoir processionné en ville. Au jour dit, les royalistes se réunissent Cours Delorme pour former le cortège. Ils sont dispersés par la police. Par petits groupes, les manifestants, dont des élèves du lycée, se rendent vers la place des Enfant Nantais dont les accès sont fermés par la gendarmerie. Après quelques échauffourées, on autorise des femmes à porter les couronnes aux pieds de la statue : dames de l’Action Française et de la Ligue patriotique féminine, Jeunes filles royalistes.

 

Le lendemain, le journal royaliste L’Espérance du Peuple fustige le maire de Nantes, Paul Bellamy, dans son style caractéristique.

L'Espérance du Peuple, 1er juin 1913

L’Espérance du Peuple, 1er juin 1913