vendredi, 13 décembre 1918

Impressions d’un Messin libéré

En garnison à Metz, Maurice Digo sympathise avec un architecte qui évoque la situation en Lorraine avant et pendant la guerre.

 

Il note dans ses Carnets :

« Il me prie de remarquer que l’Alsace et la Lorraine ont été dotées sous le régime allemand d’un outillage et d’une organisation qui dépassent de beaucoup tout ce qui a été fait chez nous. Il s’étend plus spécialement sur les améliorations apportées aux conditions de la vie ouvrière et me cite le groupe Paixhausstrasse, non comme une exception, mais comme réalisation de tous les quartiers neufs.

La période de guerre, par contre, est évoquée sous de noires couleurs. Les affres du blocus, la sous-alimentation, le linge et les vêtements de papier. Les tracasseries militaires : interdiction de parler français, obligation de saluer les officiers, de céder partout le pas à l’armée, sur les trottoirs, dans les voitures et les édifices publics.

A ces ennuis s’ajoutaient la crainte perpétuelle des bombardements, qui, par une coïncidence bizarre épargnaient les usines de guerre, les mines et le point vital de Sablons, mais ne ménageaient guère la ville.

Aussi ne faut-il pas s’étonner que les Lorrains qui ont vu tant des leurs massacrés au cours des attaques aériennes n’aient pas manifesté l’enthousiasme délirant auquel s’attendaient les soldats français. La suprême maladresse à son avis, c’est la hâte avec laquelle on remplace l’archevêque qui a fait preuve d’un grand courage pendant la guerre et qui est très estimé de ses ouailles ».