mercredi, 22 janvier 1919

Halte aux yeux furtifs

Aujourd’hui, le chroniqueur du Phare pousse un cri de colère :

« De toutes parts nous parviennent des réclamations au sujet de l’ouverture des lettres par une certaine censure militaire… Cette formalité, profondément vexatoire, se comprenait alors que la Défense nationale était en jeu… mais aujourd’hui que les hostilités sont suspendues, que la Conférence de la Paix a ouvert ses assises et que les sous-marins ont disparu, on se demande pourquoi l’autorité militaire continue à vouloir mettre le nez dans ce qui ne la regarde plus…

Nous avons fait la guerre pour la Liberté ; c’est bien le moins, puisque nous sommes vainqueurs, qu’on bénéficie de la Victoire. Et qu’on n’invoque pas pour légitimer la continuation du contrôle postal, la « base américaine ». Sa sécurité n’est plus en cause. La preuve c’est que les arrivées et départs de bateaux peuvent être librement publiés. Alors quoi ?

Allons ! Il est grand temps que nous sortions du régime d’exception que les circonstances nous ont imposé, pour rentrer dans la légalité ».