samedi, 13 janvier 1917

Grandiloquence et dérision

Après trois ans de guerre, les soldats sont las et désabusés.

 

Le bataillon de Maurice Digo, au repos au sud de Nancy, effectue des manœuvres.

 

Le Nantais écrit dans ses Carnets :

« A l’issue du mouvement, le commandant… rassemble le bataillon dans une prairie marécageuse pour un discours d’apparat. Annonce d’une offensive très prochaine, déclenchée d’un seul coup sur la totalité du front. Moyens d’action formidables. Infériorité de l’ennemi. Courage légendaire du 20e Corps…. Ayant ressassé le répertoire ordinaire, il garde pour la bonne bouche une nouveauté sensationnelle : « D’après les renseignements du 2e Bureau, nous pouvons avoir l’absolue certitude que cette fois, les Boches sont foutus ». Puis, soulagé par cette importante révélation, reprend une dernière fois le commandement pour une manœuvre… qui consiste à barboter pendant 2 heures sous la neige au milieu du marécage…

A la nuit tombante, les compagnies trempées regagnent les cantonnements. En tête, la musique emmène colonel et drapeau sur l’air entraînant de « La femme qui pète au lit », et les troupes, transies et fatiguées, fredonnent quand même :

« Elle entend son c… qui chante

                                                                                           Elle empoisonne son mari ».