samedi, 11 mars 1916

Fouler aux pieds la femme infidèle

« Les épouses indignes » (Le Populaire) ;

« Les femmes adultères » (Le Phare).

 

Sous ces titres, les journaux ont décidé de fustiger celles qui s’écartent de leur mission naturelle et patriotique :

« Tandis que leurs maris, au front, risquent leur vie pour la France, les épouses gardent le foyer familial et élèvent les enfants dans l’affectueux souvenir de l’absent. » (Le Populaire)

 

Mais il y a « Quelques brebis galeuses … Mauvaises épouses, souvent mauvaises mères, mauvaises françaises en tous les cas, elles commettent une abominable lâcheté ; car loin de songer à autre chose, elles devraient avoir toujours les yeux tournés vers le champ de bataille et s’enorgueillir d’être la femme, la compagne, honorable et honorée, d’un brave dont on ne louera jamais assez la grandeur d’âme, l’esprit de sacrifice et le dévouement à la Patrie. » (Le Phare)

 

Craignant pour le moral du « brave », s’il se sait trompé, le journaliste du Phare demande la plus grande sévérité aux tribunaux (l’emprisonnement) pour la femme infidèle. Dans sa croisade pour la vertu, il croit bon de solliciter l’aide de l’Eglise, en citant le mandement de carême de l’évêque de Mende. Mgr Gély y condamne les femmes qui « se couvrent de déshonneur pour toute leur vie et méritent d’être foulées aux pieds des passants, comme la fange des rues… ».

 

Et le journaliste conclut : « Nobles et fermes paroles. Louons le prélat qui n’a pas craint de les prononcer. »