dimanche, 26 septembre 1915

« En avant ! »

 Sous ce titre du Populaire, Gaston Veil, qui rongeait son frein depuis des mois devant l’immobilisme du front, sans oser le clamer trop fort par crainte de la censure, livre le fond de sa pensée :

 

« Cette fois-ci, semble-t-il, c’est le grand coup, celui que nous attendons depuis plusieurs semaines…

Nos troupes d’infanterie sont parties à l’assaut. C’est le déclanchement, c’est la fin de cette immobilité que nos soldats et nous supportions avec patience, puisqu’il le fallait ; mais que nous déplorions secrètement, parce qu’elle est contraire à notre caractère et à notre tempérament… Il est permis de préférer par goût un système à un autre et de souhaiter que le moment vienne de passer à l’action véritable, celle où les hommes se précipitent, où ils chassent l’ennemi à coups de baïonnettes, où les qualités individuelles brillent, où le courage ne consiste plus seulement à recevoir les projectiles avec impassibilité, mais où l’on va de l’avant en chantant la Marseillaise, celle en un mot qui convient à des Français. »

 

L’éditorialiste se trompe d’époque et de guerre. Le lendemain, 27 septembre, il consacre un nouvel éditorial intitulé « Notre offensive » aux opérations en cours. Le lyrisme de la veille fait place à la prudence car la percée attendue n’a pas lieu. L’insuccès le condamne au silence les jours suivants. Il ne reviendra sur les offensives d’Artois et de Champagne que le 2 octobre.