samedi, 15 août 1914

Des prisonniers allemands à Nantes

Le 12 août,  le général commandant la 11e région militaire adresse un ordre du jour à la population nantaise à propos de l’arrivée prochaine de prisonniers allemands dans la ville.

Il recommande : « De conserver vis-à-vis de ces malheureux l’attitude de froide et calme dignité qui a toujours, dans des circonstances de cette nature, caractérisée l’âme française. »

 

Le mercredi 14 août, à 15 h, les Nantais, avertis qu’un train de prisonniers doit traverser la ville pour emmener les captifs à la station des Landes, située à proximité de l’ancien séminaire des Couëts à Bouguenais où ils doivent être détenus, se pressent à la gare de Nantes-Orléans : « Le public, très impressionné, poussa des cris très variés pendant le court arrêt du train. » (Le Populaire). Aux Couëts, les prisonniers sont accueillis par des « Vive la France » selon le journaliste du Phare.

 

Un deuxième convoi de prisonniers arrive le 14, sans incidents, et un autre le 15. Profitant du repos du 15 août, de nombreux Nantais ont pris le bateau pour aller à Trentemoult, et de là aux Couëts, accueillir les Allemands.

Le journaliste du Phare raconte : « Lorsque les prisonniers sont arrivés à l’entrée du village des Couëts, une immense clameur s’est élevée où se mêlaient les cris de : A mort ! hou ! hou ! Vive la France ! Puis tout à coup de cent poitrines à la fois jaillit le premier couplet de la Marseillaise. Ce fut d’un mouvement superbe. Mais bientôt la Marseillaise s’éteignit. Et les cris de mort, les huées reprirent de plus belle. Les femmes se montraient les plus acharnées ».

 

Arrivée des premiers prisonniers allemands aux Couëts, près de Nantes

Arrivée des premiers prisonniers allemands aux Couëts, près de Nantes

 

Si les Nantais présent aux Couëts ce 15 août n’ont pas gardé « l’attitude de froide et calme dignité » réclamée par le général trois jours plus tôt, cela tient, en partie, au climat germanophobe entretenu par la presse depuis le début de la guerre. Tous les jours « les crimes allemands » occupent la première page des journaux.

 

"Sinistre" : L'empereur Guillaume II, en "polichinelle", "la risée du public nantais".

« Sinistre » : L’empereur Guillaume II, en « polichinelle », « la risée du public nantais ».

 

La veille du 15 août, on peut lire dans Le Populaire, sous la plume de celui qui signe l’éditorial intitulé « Impressions d’un passant » du nom de Verax :

« Les Allemands ne font pas la guerre à demi. Ils se conduisent comme des sauvages. Ils fusillent les non-combattants, ils assassinent les femmes et les enfants… Faut-il s’étonner de leurs goujateries et de leurs crimes… ?  Par ce que nous savions des Allemands en temps de paix, nous ne devions pas avoir d’illusions sur ce qu’ils seraient capables de faire, lorsque la guerre aurait éclaté.

Nous les connaissions individuellement comme des hommes grossiers, de mauvaise compagnie, avec quelques exceptions pourtant, mais très rares. Qui de nous en voyage n’a été incommodé par le voisinage de ces êtres bruyants, laids à voir, se tenant mal, ayant des manières de butors ? Il m’est arrivé plus d’une fois d’être écœuré, rien que de les voir manger… Aujourd’hui que ces hommes ont les armes à la main, ils ne peuvent être que des brutes. »

 

"Monstre" : Guillaume II, empereur des "Barbares" et sa "progéniture".

« Monstre » : Guillaume II, empereur des « Barbares » et sa « progéniture ».

 

 

"Vampire" : Guillaume II ou "Les Vampires en famille" sur une carte adressée à une institutrice avec de "Bons baisers" !

« Vampire » : Guillaume II ou « Les Vampires en famille » sur une carte adressée à une institutrice avec de « Bons baisers » !