mercredi, 8 novembre 1916

Coup de gueule

Sauver sa peau, éviter les premières lignes, « s’embusquer ». Quoi de plus humain ? Si le soldat n’est guère maître de son destin, le sous-officier peut bénéficier de quelques opportunités mais au détriment de l’esprit de groupe, de la solidarité.

 

Maurice Digo écrit dans ses carnets :

« Grande corrida à la popote. Tous ceux qui sont près du Bureau ou dans les bonnes grâces cherchent une embuscade : stages, filons, passage aux échelons d’arrière qui devraient abriter les plus âgés, etc…

Déjà quelques uns de ceux qui ont le plus abusé de la naïve confiance du capitaine Cochin ont filé…. Tout cela est très bien, mais alors pourquoi faire mine ?

Au milieu de ce panier de crabes, j’ai gueulé, gueulé comme un veau, que le désir de s’éclipser est tout à fait normal, mais que leur sale hypocrisie me dégoûte.

Ça les a assis. Ils ne me croyaient pas capable de leur tenir tête, comme ça, tout seul ».