jeudi, 12 août 1915

Au skating Mauduit

Le cinéma Omnia Dobrée programme ce jour :

« Des canons et des munitions », « Gaumont actualités : Sur les rives du Bosphore », « Comment sont soignés nos blessés de guerre » et, pour terminer sur une note comique cette séance guerrière : « Le vœu d’Onésime ».

Comme pour compléter le programme cinématographique, Le Phare consacre un long article aux soldats blessés, hospitalisé à Nantes. La ville compte alors 18 hôpitaux militaires (dont un au Grand Lycée) dotés chacun d’hôpitaux de convalescence ayant eux-mêmes leurs annexes, soit environ 180 établissements de santé dispersés dans 66 communes du département.

 

 

Le journaliste du Phare visite les « Salons Mauduit » :

« Lorsque M. Mauduit fit construire, rue Arséne-Leloup, le magnifique skating que tous les Nantais connaissent, il ne se doutait pas qu’un jour viendrait où cet établissement serait transformé en hospice de convalescence, où le beau parquet d’érable, fait pour les évolutions gracieuses des patineurs, pourrait être foulé par des béquilles et des jambes de bois…

 Le skating, les salles de banquets, sont pleins de lits. On en a mis jusqu’à 300. Les salles annexes sont affectées aux cuisines, aux réfectoires, aux bureaux. Dans le jardin agrandi, les blessés trouvent pour leurs promenades quotidiennes, ombre et verdure…

 Les convalescents ne font au dépôt qu’un court séjour. Ceux qui sont valides retournent à leur corps. Les invalides sont dirigés vers l’une ou l’autre des deux belles propriétés appartenant à la Ville : le Grand Blottereau, à Doulon et Talence, route de Rennes, ou bien envoyés au Clion, dans le pensionnat construit il y a quelques années par les anciens Frères de Bel Air de Nantes… »

 

Après s’être apitoyé sur « tous ces jeunes hommes diminués d’un bras, d’une jambe, de deux membres quelquefois » le journaliste entonne le refrain de circonstance :

« Eux pourtant, n’en semblent pas affectés. Ils rient, ils plaisantent, ils ont conservé malgré leur sort, le caractère gouailleur et enjoué du troupier français. Là encore, ce sont eux qui nous réconfortent. »