mercredi, 26 janvier 1916

Anastasie à la Chambre

Les journaux nantais évoquent longuement le débat, consacré à la censure, qui s’est déroulé à la Chambre des députés, le 24 janvier.

 

 

Le Phare reproduit l’intervention du Président du Conseil, Aristide Briand. Celui-ci, après avoir proclamé son attachement à la République et aux grands principes de la démocratie, après avoir rendu hommage à la presse « qui elle-même a demandé le contrôle », a déclaré :

« Prenez-y garde, les Allemands rôdent autour de nous. Ils cherchent la fissure par où ils passeront. Ne laissez pas ébranler notre moral. Nos soldats dans les tranchées, veillent à l’inviolabilité de la Patrie. Le gouvernement ici monte la garde devant le moral du pays. Si ce moral est atteint demain, la confiance ébranlée, quelle terrible responsabilité.

 La liberté de la presse, oui c’est une grande personne. Mais la France c’est une grande personne aussi et qui mérite bien qu’on fasse litière à ses pieds des plus grandes libertés, quand il y va de sa sécurité. »

 

Des éditorialistes nantais, Gaston Veil, qui a souvent été victime de la censure, est le plus virulent. Rien dans le discours de Briand ne trouve grâce à ses yeux. Il termine son éditorial ainsi :

« La liberté de la presse n’a jamais été dangereuse pour la défense nationale, car cette défense nous avons à cœur de l’assurer, nous autres journalistes, au moins autant que ceux qui sont chargés de nous surveiller. C’est une injure gratuite de nous suspecter comme on le fait. Bien plus ! c’est un péril pour notre pays, car si nous avions pu parler à certains moments, si nous avions pu éclairer l’opinion, les dirigeants auraient été empêchés de commettre bien des fautes. »