samedi, 12 janvier 1918

Affaires étrangères

Les propositions du Président Wilson et celles de Lloyd Gorge sont bien accueillies par la population confortée dans la certitude de conduire une guerre juste qui ne sera pas bradée par une paix de compromis, voire une paix à tout prix.

 

C’est l’avis des Nazairiens si l’on en croit ce qu’écrit le sous-préfet de Saint-Nazaire dans un courrier adressé au préfet de la Loire –Inférieure :

 

« Les déclarations des divers hommes d’Etat alliés ont produit une impression profonde de fierté patriotique et de réconfort : des paroles nettes, ce programme affirmé qui ressemble à une sentence, communiquent à tous la certitude de ce que doit être demain ».

Analysant l’opinion de ses administrés sur nos alliés, ou ex-alliés, le sous-préfet continue :

« La réprobation contre les gouvernants de la Russie est générale et violente ; il est difficile de déterminer dans quelle mesure elle ne s’étend pas à la Russie tout entière ; bien des choses devront changer avant que les Russes retrouvent ici le plus faible écho de l’enthousiasme d’autrefois. Quand il a été question de partager le pain des Nazairiens (réduit au 4/5) avec les troupes du yacht allié qui étaient ici il y a encore quelques jours, j’ai entendu plusieurs fois la boutade : « ils peuvent crever » ; c’est bien là le diapason de l’état d’âme de tous ici ».

« Le lâchage russe sera plus que compensé par l’arrivée des Etats-Unis. Chacun le sait et le proclame. Mes administrés ne se défendent pas de grogner contre les Américains dont l’installation naturellement les gêne souvent en quelque chose ; mais ils ne se font pas faute de retirer de leur présence des bénéfices matériels et immédiats intéressants. Ceci compense cela. La constatation du geste accompli, les espoirs fondés sur le concours de demain balayent les dernières mauvaises volontés. En définitive, la présence des Américains est une source de réconfort bien marqué ».