Du 1er août au 10 novembre 1914, 33 anciens élèves du lycée sont morts pour la France

10 novembre 2014 / Allocution de Jean-Louis Liters, président du Comité de l’Histoire du lycée 

Monsieur le Préfet

Monsieur le Directeur académique

Madame le Proviseur

Chers collègues, amis, élèves et anciens élèves

Le 10 novembre 1914, le lieutenant de vaisseau Adrien Baudry, originaire de Clisson, âgé de 47 ans et ancien élève, tombait en Belgique, pour la défense de Dixmude, à la tête de sa compagnie de fusiliers marins.

Du 1er août au 10 novembre 1914, 33 anciens élèves du Lycée de Nantes sont morts pour la France. Le premier fut, le 20 août en Lorraine, le capitaine Albert Voisin. Puis, le 22 août, cinq jeunes sous-lieutenants, appartenant aux promotions de Saint-Cyr qui avaient fait le serment de monter à l’assaut, à la tête de leur section, en casoar et gants blancs. Ils étaient originaires de Loire-Atlantique, de Mayenne, du Morbihan mais aussi de la Marne et du Jura.

Au lendemain de la guerre, le Lycée et l’Amicale des Anciens Elèves eurent à dresser une liste de près de 300 anciens élèves ou membres du personnel, disparus pendant le conflit mondial. Nos recherches actuelles nous montrent que, malheureusement, on est loin du compte et que les murs du Parloir ne sont pas assez grands pour qu’on puisse un jour y ajouter tous ces oubliés, tel Joseph Lotte, cet ancien répétiteur du lycée, devenu professeur de philosophie, confident et ami de Charles Péguy, tombé près d’Arras le 27 décembre 1914.

Le projet, intitulé « le lycée de Nantes de 1913 à 1919 », lancé ici même il y a un an, a parmi ses objectifs de remédier à ces oublis. Et c’est un mur virtuel que les acteurs du projet sont en train de construire sur un blog dédié, à l’adresse nosanscries.fr.

Le blog Nos Ans Criés répond à un devoir de mémoire à l’égard des disparus mais il est aussi une interrogation de l’Histoire. Comprendre ce qui s’est passé il y a un siècle, par pure curiosité intellectuelle mais aussi pour mieux comprendre les conflits d’aujourd’hui et les ressorts humains. Beaucoup d’anciens élèves et de professeurs du lycée de Nantes ont laissé des témoignages sur leur guerre. Beaucoup furent des acteurs essentiels de cette guerre par la position qu’ils occupaient dans les journaux, dans les villes, dans les armées et jusqu’au gouvernement. Grâce à cette matière rassemblée et grâce aussi aux rapports du proviseur de l’époque, Jean Barou, presque chaque jour vous pouvez trouver sur le blog un billet dans la rubrique intitulée Nos Années Cruelles.

Professeurs d’histoire, professeurs de lettres, germanistes, documentalistes, conseillers d’éducation, nombreux sont ceux qui déjà ont apporté leur pierre à l’édifice. Le projet a reçu le label académique de la Mission du Centenaire de la Première Guerre Mondiale. Une mention particulière doit être faite pour les travaux d’élèves : de jeunes plumes, l’an dernier en seconde, ont d’ores et déjà donné le fruit de leurs recherches et confié au blog leurs travaux d’écriture. D’autres vont suivre, car nous voulons croire que chacun, au lycée Clemenceau et au lycée Jules Verne, a pour maxime de son action le « retroussez vos manches et faites votre destinée » lancé jadis, en cette cour d’honneur, par Clemenceau, le Tigre, le Père La Victoire.