« C’est la guerre déclarée aux valeurs fondamentales »

Allocution de Madame Corinne Raguideau, Proviseur du Lycée Clemenceau, 

prononcée le lundi 16 novembre à 11 h dans la cour d’honneur du lycée devant les élèves et les personnels

 

La semaine dernière a vu la succession de deux événements.
Le 11 novembre, c’était l’hommage à toutes les victimes de guerres (au pluriel) de notre pays et la commémoration de l’armistice, c’est-à-dire de l’arrêt des hostilités – à défaut de la paix véritable.
Au Lycée Clemenceau, nous avions célébré cet armistice le 10 novembre et nous étions ici-même, dans cette cour.

Trois jours plus tard, le 13 novembre, de nouveaux attentats frappaient durement la France, à Paris et au Stade de France, nous rappelant de façon ô combien brutale que la paix et l’harmonie des peuples ne sont jamais acquises.

Si j’ai souhaité que ce soit dans cette cour que nous nous réunissions, c’est pour marquer que l’on ne doit pas se leurrer et que c’est bien la guerre qui est déclarée aux valeurs fondamentales qui sont et doivent rester, grâce à notre vigilance à tous, le ciment de notre nation et de notre République.

Ces valeurs, vous les connaissez.
La liberté.  La liberté des idées, de religion, d’expression, du mode de vie que l’on veut mener, dans la limite du respect de l’autre.

L’égalité. L’égalité de tous les hommes et de toutes les femmes ; l’égalité de toutes les religions et il n’est sans doute pas vain de rappeler que la laïcité, ce n’est pas la négation de la religion, mais l’acceptation de toutes les religions, sur un pied d’égalité, sans prédominance de l’une d’entre elles et considérant que la religion relève de la sphère privée.

La fraternité. Si importante dans ces moments où certains s’efforcent d’opposer les uns aux autres.

Cette guerre-ci a cela de particulier, par rapport aux guerres précédentes, que c’est notre nation, en partie, qui produit  ceux là mêmes qui s’efforcent d’ébranler ses piliers. L’ennemi n’est pas extérieur, en tout cas pas uniquement, et ce qui interpelle aujourd’hui, c’est le rôle de notre société, qui n’a pas su intégrer. C’est en cela que l’école, notre école, a un rôle fondamental à jouer,  pour intégrer,  éduquer, faire que les valeurs fondamentales qu’elle véhicule et qui font la fierté de notre nation, soient assimilées et défendues par ses propres enfants.

J’étais à Paris ce week-end. Passé l’instant de sidération, la vie a repris ses droits dans la ville, les restaurants se sont remplis, les salles de spectacle, et c’est bien ce signe-là que nous devons tous donner à ceux qui cherchent à nous intimider. Comme le disait un comédien hier soir, après la représentation : reprendre une vie normale – sans oublier, bien sûr, ce qui s’est passé, mais en donnant le message que la vie restera la plus forte – reprendre une vie normale, donc, c’est montrer à ceux qui veulent nous faire courber la tête que nous continuons à avancer la tête droite.

Vous trouverez dans le préau, cour Jules Verne, des tableaux à votre disposition pour exprimer votre colère, votre douleur, vos doutes, vos interrogations, votre volonté, l’affirmation de vos valeurs. Vos cris de paix.
Pour l’heure, je vous remercie de bien vouloir respecter une minute de silence à la mémoire des victimes du 13 novembre.