samedi, 12 octobre 1918

« Une forme de peste pulmonaire »

Maurice Digo, grippé, note dans ses Carnets :

 

« Dans la dernière huitaine, une quarantaine de malades sont morts sans soins. Soubrane (infirmier), renseigné par les conversations de la salle de garde, me confie que cette fameuse « grippe espagnole » est en réalité une forme de peste pulmonaire dont les ravages à l’arrière sont déjà impressionnants et qui, depuis peu, a fait son apparition dans la troupe d’une façon si brutale que le service sanitaire est complètement débordé.

 

Des conducteurs de camions qu’on avait refusé d’évacuer à temps sont morts dès leur arrivée. Un baraquement ayant été aménagé pour recevoir les moribonds, des scènes pénibles se produisent fréquemment. Les malades qu’on y conduit, se débattent sur les civières, usent leurs dernières forces en protestations et en cris, meurent quelquefois pendant le transport.

 

Tandis que j’apprends ces choses, la fièvre sournoisement s’élève…».