lundi, 10 avril 1916

« Terrés, la tête au ras du sol »

Depuis le 6 avril (voir chronique de ce jour-là) Maurice Digo et son bataillon ont pris position dans le secteur du Mort-Homme, à l’ouest de Verdun, pour tenter d’enrayer l’offensive allemande.

 

Dans ses Carnets, il note ce 10 avril :

 

« Le petit jour nous trouve au même point… Avec Delmasse, j’ai commencé à élargir un trou d’obus, mais l’intensité du bombardement nous décourage. Terrés, la tête au ras du sol, nous sommes isolés, incapables de comprendre ce qui se passe. Une voûte hurlante, fracassante couvre un bled où toute vie semble anéantie. Des arbres sont arrachés, soulevés, déchiquetés. La terre s’ouvre, éclate, retombe en pluie cinglante. Une explosion toute proche a projeté des corps en bouillie, une grappe humaine de survivants se jette sur nous, dans la bousculade je suis séparé de Delmasse.

 

Vers 10 heures, les Allemands ont de nouveau attaqué. Nous pensons que la droite a dû légèrement fléchir, mais on ne sait pas, on ne voit rien et le bombardement est toujours aussi intense….

Ce soir, nous avons attendu vainement Delmasse, tué dans le bois où il venait de guider sa compagnie ».