dimanche, 6 août 1916

« Plaintes d’un censuré »

Sous ce titre, Gaston Veil, dans Le Populaire, s’en prend à la censure qui « caviarde » régulièrement son journal et en particulier son éditorial de la veille.

 

Après avoir rappelé les grands principes républicains et dénoncé l’hypocrisie du pouvoir, il vise les séides locaux de dame Anastasie qui passent au marbre, à la nuit tombée, juste avant l’impression, à l’heure du crime :

 

« Je lis des dépêches dans tous les journaux, non seulement dans les journaux étrangers qui pénètrent chez nous et qui ont le droit de tout dire, mais même dans les journaux français. A mon tour, je veux commenter ces dépêches. Crac ! Plus moyen. L’heure a passé. Ce qui était toléré hier, est proscrit aujourd’hui. Remarquez que ce que je racontais, par exemple, dans mon article d’ hier qui fut saboté par la censure, ne pouvait pas renseigner l’ennemi, puisque c’était la copie exacte de ce qui se trouvait dans d’autres journaux répandus à des milliers d’exemplaires ; ce n’était pas déprimant pour nous, bien au contraire…

Mais demander à la censure d’être logique, quelle dérision ! Elle tient seulement à prouver qu’elle sauve tous les jours la France à coups de ciseaux et elle coupe, elle coupe, elle coupe… ».