mercredi, 11 juin 1919

« On enrage »

Maurice Digo, est toujours mobilisé à Nancy où il mène une vie de caserne dont il supporte mal les mesquineries.

 

Il note dans ses Carnets :

« La démobilisation se poursuit avec une extrême lenteur. On s’ennuie et quelquefois on enrage.

Dans les cours de casernes, les adjudants ont remis en honneur les exercices variés du temps de paix : déploiement, pas de gymnastique, escrime à la baïonnette, marche en canard en criant « coin, coin, coin » etc.

De son bureau, le colonel surveille et excite cette « reprise en main » que subissent des vétérans ayant quatre ans de guerre dans la peau. Je l’ai vu plusieurs fois se précipiter vers une section vouée au maniement d’armes pour accélérer la cadence et fignoler le dressage. Sa suprême ambition est d’obtenir la perfection absolue dans l’exécution du mouvement : La main gauche dans le rang au troisième temps ».

 

Quand le poilu redevient bidasse. Amère désillusion.