samedi, 16 septembre 1916

« Nous revoilà au temps d’Annibal »

Le général Guillaumat écrit à son épouse :

 

« Les Anglais ont employé dans leur dernière attaque des espèces de grandes automobiles blindées, qui sont de véritables châteaux roulants et qu’on a baptisés « les éléphants ». C’est étonnant comme force, ça glisse comme une chenille sur des espèces de chaînes sans fin pourvues de crampons. Cela passe dans n’importe quel trou d’obus, si grand soit-il ; si ça rencontre un arbre, ça l’abat ; une maison, ça la renverse. Il y en avait cinquante en marche, sept ou huit seulement ont écopé, les autres sont entrées dans les lignes ennemies où ils forment tout de suite autant de petites redoutes ayant, les uns des mitrailleuses, les autres un assez gros canon. Nous revoilà au temps d’Annibal et il n’y a plus qu’à attendre les avions armés de faux pour couper les ficelles des saucisses. Les avions anglais n’en ont d’ailleurs pas eu besoin pour détruire l’autre jour 13 avions boches et deux saucisses ».

 

Le général Guillaumat a sans doute aperçu quelques chars, mais s’il les avait accompagnés au cœur de l’action son avis sur leur mode opératoire et leur bilan serait tout autre. « L’éléphant » terrorise le combattant certes, mais plus sûrement réveille l’imaginaire des généraux qui sont restés de grands enfants ; hélas, les soldats ne sont plus de plomb !

 

w 16 sept 16

 

Les premiers chars ont beaucoup impressionnés les contemporains. Après la guerre on les représente dans les vitraux commémoratifs ; ici dans l’église de Nort-sur-Erdre (Photo L. Bonnet).