samedi, 14 septembre 1918

Libérations

Le Populaire raconte la visite, hier, du Président Poincaré dans Saint-Mihiel « première importante ville française qui, depuis quatre années courbées sous le joug odieux de l’occupation allemande, éprouve la joie de la délivrance… Les femmes et les vieillards, car c’est tout ce qui reste dans Saint-Mihiel, ont arboré leurs costumes des dimanches et tout le monde est dehors, car tout le monde veut prendre part à ce grand jour de fête. Tout le monde veut voir et aborder les soldats français».

Le journaliste énumère ensuite toutes les avanies subies par la population pendant quatre années d’occupation.

 

Le même jour, Maurice Digo et son régiment libèrent un village situé à quelques kilomètres de Saint-Mihiel : « Entrée triomphale à Buxières. Les civils apportent des fleurs, versent des larmes, distribuent des baisers. De tous côtés sortent des Allemands apportant sur des brouettes : mitrailleuses légères, grenades, engins de tranchée.

La population (sans doute pour nous être agréable) manifeste sur leur passage une certaine hostilité, lorsqu’un beau grand Fritz, qui marche en tête, chargé d’une mitrailleuse lourde, ricane et dit en bon français : « A présent, nous sommes des sales Boches ».

Dans la rue principale, le colonel, à cheval, tenant deux grandes brassées de fleurs, fait défiler le régiment, mais il a pris soin au préalable de faire enfermer dans l’église, sous la surveillance d’une compagnie, les civils un peu déçus ».

(Carnets)