dimanche, 3 janvier 1915

Les Poilus

Dans Le Populaire, où chaque jour il tient une rubrique tantôt exaltant les combattants français, tantôt accablant ceux qu’ils n’appellent que « les Boches », Verax s’essaie à définir ce personnage nouveau : le poilu.

 

« Pourquoi poilus ? Je ne me charge pas de l’expliquer, mais le mot a une belle allure, il dit bien ce qu’il veut dire… Quand on porte un nom comme celui-là, on n’est pas une femmelette, on ne passe pas son temps à se regarder dans un miroir et à faire sa toilette, on laisse pousser sa barbe et ses cheveux, on est souvent mal soigné, mais on est toujours brave, on supporte le vent, la pluie, le froid, on n’a peur de rien, on a en toutes circonstances le sourire sur les lèvres et l’on meurt en chantant.

N’est pas poilu qui veut ! Ils n’en ont pas de cette espèce en Allemagne.

L’Empire a eu ses grognards, la République à ses poilus. »